Bonsoir messieurs. Comme indiqué, j'ai organisé une campagne sur Lyon à laquelle nous sommes en ce moment 6 à participer et le troisième et dernier tour approche à grands pas puisqu'il ne reste qu'une seule partie à livrer pour le 2. Le troisième tour sera le dernier et nous verra nous affronter dans un grand 3 vs 3 (Basiléens + nains + herders contre Morts-Vivants + nains abyssaux + elfes noirs). Histoire de donner de la couleur à l'histoire j'ai créé un fluff autour et malgré le fait que le tour 2 n'est pas achevé je me suis permis d'écrire dès maintenant l'historique précédent la future bataille (le résultat des batailles des tours précédents ne compte guère dans la mesure où la finalité est toujours la même : nous voir tous les 6 pour une grande bataille à 2000 points par personne à la fin !). Je poste donc ici le dernier volet de cet historique personnel en espérant que vous le trouverez agréable à lire malgré le fait qu'il a été fait à la va-vite. Je précise m'être permis de faire parler les chefs des armées des joueurs impliqués ce qui peut leur déplaire pour peu que je n'ai pas vraiment rendu justice à la personnalité qu'ils leurs imaginaient. Si c'est le cas je présente d'avance mes excuses, c'est simplement ainsi que je me voyais donner de la couleur à l'histoire, et sur le principe, ce n'est après tout qu'un "fanfic". Bonne lecture en espérant que ça vous plaise (n'hésitez pas à commenter pour me dire pourquoi c'est ou non le cas ^^).- Vous comptez vous associez avec ces... choses ?! demanda le prêtre incrédule. Vous avez complètement perdu l'esprit ?!
- Changez de ton, saint homme, et tâchez de vous rappeler à qui vous vous adressez.
La voix du duc Sactériel avait été glaciale et incisive comme un bloc de glace aux arrêtes acérées. Il n'avait pas levé son unique oeil valide des documents qu'il étudiait, des cartes pour la plupart, et pourtant le prêtre sentit que le méfiance était de mise. Il tenta de prendre un air plus conciliant mais les gardes postés autour de la tente purent entendre que la conviction n'y était pas.
- Que nous fassions alliance avec les nains, je n'y vois aucun inconvénient, monseigneur. Nos races ont bravé de nombreux ennemis ensembles à bien des reprises par le passé, et l'animosité qui règne aujourd'hui ne saurait détruire cela. Mais ces... animaux ! Ce sont des rejetons de l'Abysse au même titre que...
- Ils sont laids, sales, et ce sont des barbares, cela n'en fait pas des démons ! trancha le duc en déposant délicatement le morceau de parchemin qu'il avait en main pour se lever lentement. Leur présence ici est une bénédiction en pareilles circonstances ! Croyez-vous que nous pouvons faire face à cette triple-alliance maudite seuls ?!
L'homme d’Église sentit son cœur se serrer. Il devinait où cette tirade allait les mener.
- Vous étiez là quand nous avons dû détruire l'avant-garde de ces maudits Elfes du Crépuscule, et vous avez vu tout ce dont ils étaient capables. Vous étiez le commandant de notre propre avant-garde qui nous est revenue dans un état que je me permettrait de qualifier de "lamentable" après son affrontement avec ces mille fois maudits nains corrompus ! Combien d'hommes avons-nous perdus par votre faute d'ailleurs ?! Sans l'intervention bénie entre toute de ce Phénix envoyé par les dieux, nous aurions perdu un tiers de nos troupes !
- Nous n'avons pas été vaincus ! cria presque le prêtre en désespoir de cause. Le terrain était propice aux maléfices de ces monstres, et pourtant nous leur avons fait presque aussi mal qu'eux ! Ce n'était pas une défaite...
- Tout ce qui n'est pas une victoire est une défaite ! hurla le duc dont la voix résonna dans tout le camp. Où sont passées ta foi et ta ferveur, "saint homme" ?! De ce que m'ont rapportés nos paladins blessés tu n'es pas parvenu à lancer un seul sort. Dis moi donc à quoi me sert un haut prêtre qui ne sait guérir ni renforcer ? A quoi me sert un stratège qui fait des plans de batailles aussi bancals ? A quoi m'es-tu donc utile ici, Koliosk ?!
Le prêtre ne répondit pas, des larmes de rage et de frustration perlaient aux coins de ses yeux mais il refusait de les laisser couler. Cela n'aurait été que la preuve que sa disgrâce devenait officielle.
- Des Nains Abyssaux, des Elfes corrompus, et maintenant "eux", réunis en un même ost... repris le duc d'une voix douce et glacée comme une brise d'hiver. Et qui sont sur le point de nous damer le pion, après tous ces efforts et ces sacrifices ; tu penses vraiment que je vais leur abandonner la Forteresse d'Obsidienne au motif que certains de nos alliés ont des gueules de chèvre ?! Ils se sont battus contre nos ennemis à deux reprises, et pas une fois contre nous, c'est une preuve plus que suffisante pour le moment.
Le prêtre resta silencieux.
- Vas maintenant. Retourne t'occuper de tes blessés. Ceux qui savent faire la guerre ont a parler seuls.
Koliosk, haut prêtre de la chapelle du Saint Sépulcre, ne releva pas cette ultime insulte et choisit d'obéir. Il y avait effectivement beaucoup de blessés à soigner en prévision de la prochaine bataille.
***
Les trois campements étaient aussi disparates que l'étaient les trois races composant cette improbable alliance.
Autour du camp Basiléen se dressait une palissade en bois sculpté, renforcée de barres de fer et durcie au feu. En son centre se tenait une forêt de tentes soigneusement rangées et organisées de façon à optimiser une défense éventuelle tout en épargnant les blessés, placés au centre, près des stocks d'armes, de vivre et de la tente de commandement.
Les Nains ne s'étaient pas encombrés de matériel de défense préfabriqué. A chaque déplacement, ils abandonnaient leur campement fait avec la terre et la roche trouvées sur place. A présent que l'Abysse était si proche, ils avaient creusé dans la pierre volcanique pour en extraire le métal grâce à une forge portative extrêmement ingénieuse. Avec les débris de roche, ils avaient bâti un mur plat et incroyablement solide. Le métal obtenu avait servit de liant, véritable mortier de fer pour un mur haut de deux mètres, noir comme la rage qui animait les guerriers de cet ost qui avait déjà tant perdu d'hommes de valeur.
Pour compléter le triangle que formaient ces trois campements, on pouvait voir une palissade faite d'arbres grossièrement taillés en pointe sur lesquels étaient fixés des rondaches de fer noir. Des cahutes faites de terre séchée à la hâte servaient d'abris et de dortoirs. Il en émanait une odeur désagréable que même le souffre présent partout ne semblait pouvoir totalement effacer.
Au centre de ces trois campements se tenait une bien étrange assemblée, composée du chef de chaque camp, tous accompagnés d'un unique garde du corps.
Une table improvisée avec un gros rocher aplatit à coups de marteaux trônait en son exacte milieu, et tous trois l’entouraient. Sactériel le Borgne était accompagné de son homme de confiance le plus loyal en la personne d'un Haut Paladin dont l'armure enchantée émettait un halo bleuté étrangement apaisant. Le commandant de l'ost des Hommes-Boucs était un shaman, recouvert d'amulettes et de colifichets faits d'os et de plumes tressés ensembles pour la plupart. Ses poils pendaient plus longuement que ceux des autres membres de cette race que Sactériel avait pu observer jusqu'à présent, ce qui donnait l'impression qu'il avait une longue barbes et une chevelure fournie. Son garde du corps, un simple guerrier grand et semblant fait uniquement de muscles puissants, avait une pilosité infiniment moins conséquente, ce qui indiquait sa jeunesse, sans doute. Sactériel conclut que le shaman lui accordait une grande confiance en l'amenant ici en ce jour, ce qui indiquait qu'il avait des capacités qu'il ne fallait sans-doute pas sous-estimer.
Les deux nains étaient ceux dont le visage était le moins affable, et il semblait pourtant y avoir un concours d'air menaçant. Fidèles au physique de leur race, le seigneur nain et son garde du corps étaient chacun pourvus d'une barbe broussailleuse qui avaient dû être finement tressées avant d'avoir à passer l'épreuve du combat. Le garde avait reçu de récents points de suture au visage et le roi avait plusieurs traces de brûlures sévères autour de l’œil gauche.
- Messieurs, commença le Duc Borgne, c'est pour nous trois une entorse à notre fierté d'être ici à négocier avec ceux que nous aurions pu affronter la veille. Néanmoins, nous avons tous faits l'effort de venir au nom du bien commun. Tâchons d'être plus malins que les ordures qui se massent contre nous.
- Joli discours, ironisa le seigneur nain ; ça ne suffira pas à me faire obéir à un gamin ni oublier la dette de sang de ces animaux !
- Le court sur pattes fait allusion à la promenade dans les collines vertes ? se moqua le shaman dont la mâchoire allongée déformait étrangement les mots. Nous aurions bien continué plus longtemps, mais vous sembliez pressés de partir.
Jusqu'à présent les trois chefs s'étaient exprimés en utilisant la langue dite "commune", utilisée pour le négoce et la diplomatie. Les insultes que le seigneur nain proféra à partir de cet instant étaient bien dans sa langue natale. Les trois gardes du corps sortirent leurs armes au même instant et le marteau du lieutenant nain fut bloqué in-extremis par le torse du haut paladin. L'onde de choc fut suffisante pour produire un son de cloche qui manqua de projeter tout le monde au sol. Une fois relevés, tous constatèrent que le paladin était le seul à n'avoir pas souffert une seconde du coup. Son armure n’émettait plus son habituel halo bleu, mais semblait crépiter d'une énergie ne demandant qu'à être libérée. De légers arcs électriques la parcouraient à une vitesse irrégulière et dérangeante, comme si l'objet réclamait vengeance pour l'affront constitué par ce coup.
- Si les démonstrations viriles sont terminées, reprit Sactériel comme si tout ce qui venait de se passer n'avait pas la moindre importance, peut-être pourrions-nous reprendre. A moins que vous ne comptiez tous deux affronter individuellement la triple alliance maudite après avoir mutuellement décimés vos troupes ?
Tout le monde resta silencieux.
- Je ne demande à personne d'oublier ses rancunes, continua le duc Basiléen. Simplement les mettre de côté pour pouvoir les assouvir plus tard, tout au plus. Le choix est simple : nous nous entraidons ou nous rebroussons chemin. Ou bien nous y allons seuls, et quitte à me suicider je préfèrerais vous défier dans un concours de boisson, maître nain.
Toute la tablée resta incroyablement silencieuse, éberluée par cette marque d'humour totalement inattendue après un déchainement de violence ayant faillit tourner au bain de sang.
Le seigneur nain s'autorisa un grand rire et finit par ordonner à son lieutenant de ranger son arme. Il était à peine plus disposé à écouter, mais cela était un net progrès. Le soldat Homme-Bouc fit de même en grimaçant. Son chef seul comprenait la langue commune et les subtilités de la situation venaient de lui échapper.
- Je ne demande à personne ici de m'obéir, continua Sactériel. Mais nos vies sont précieuses. Celles de nos hommes aussi. Un pacte de non agression et un plan de bataille commun me paraissent être des conditions raisonnables. J'ai affronté deux des trois ost qui nous menacent. Je vous pose simplement la question : avons nous un accord ?
- Comment décideront nous de qui héritera des trésors de la forteresse ? demanda le seigneur nain d'un ton indiquant que sa question était chargée de menaces.
- Nous en décideront une fois ces pourceaux égorgés, trancha le shaman en mimant l'acte de son pouce passé sous sa gorge. La victoire totale pour nous ; le plus de butin à ceux qui tueront le plus d'ennemis. Bonne justice, ça.
- Cela semble raisonnable dans les grandes lignes, marmonna Sactériel qui n'aimait pas entendre parler de potentielles reliques sacrées comme d'un simple butin à piller.
- Cela me va, confirma le seigneur nain. Double part pour nous quand nous aurons arrachée la vôtre à vos cadavres, termina-t-il en adressant un horrible sourire au shaman.
- J'en fais donc le serment, conclut Sactériel en présentant son épée dont il posa la lame sur la roche.
C'était une lame de facture remarquable, d'une solidité exceptionnelle et qui semblait absorber puis émettre de la lumière. Une lame de fabrication naine.
- Tu choisis bien tes artisans, commenta le seigneur nain.
- Uniquement les meilleurs, et cette lame m'a sauvé la vie lors de maints dangers, répliqua le duc borgne en souriant.
Son œil crevé et laiteux paraissait plus laird encore quand il souriait.
Posant son bâton sur la lame du noble, le shaman prêta à son tour serment.
- Murghar le jure sur son sang et celui de son clan.
- Soyez tous maudits, termina le roi nain en posant son marteau sur les deux armes. J'en suis. Sans nos canons vous feriez trop peine à voir de toute façon.
- Nous discuterons de la tactique à adopter au retour de nos espions. Cette forteresse ne tombera pas entre les mauvaises mains !
Et tous trois repartirent dans leur camp respectif, conscients qu'en être arrivé à cette entente était un grand pas en avant, sans que cela ne garantisse la moindre chance de victoire.
Une fois de retour dans son camp, Sactériel s'autorisa un verre de vin coupé d'eau et constata que le haut paladin qui l'avait raccompagné jusqu'à sa tente n'était pas parti.
- Tu as quelque chose à dire, Hélios.
Ce n'était pas une question.
- Cette épée n'est pas votre lame habituelle. Vous vous servez d'une lame elfique donnée par la famille...
- Je sais ce que j'utilise au combat, Hélios. Viens en au fait.
- Vous n'avez pas menti au nain à proprement parler, mais vous n'avez pas été totalement honnête non plus.
Sactériel savait que le haut paladin le jugeait. Ces guerriers saints ne suivaient que les justes et les vertueux. S'il découvrait trop de choses qu'il n'aimait pas chez le seigneur, il pourrait décider de soustraire ses hommes à son autorité. Ou de le tuer, au nom de la Foi et de la morale édictée par les Lumineux.
- Être un noble nécessite de savoir manier plusieurs lames, finit par répondre le duc en s'emparant d'un morceau de peau sur lequel était tracée une carte précise du terrain à venir.
Le haut paladin haussa les épaules, signe que cette réponse lui convenait. Il s'en fut sans un mot.
***
Ils se regardaient avec des sourires méprisants ou des airs supérieurs qui ne cachaient rien de l'animosité qui régnait entre eux.
Le seigneur vampire semblait amusé par la situation. Le Modeleur de Fer et le seigneur elfe noir avaient l'air prêts de se jeter à la gorge l'un de l'autre à chaque seconde, mais ils n'en faisaient rien. Au loin à quelques kilomètres à peine, la Forteresse d'Obsidienne était en vue. Sa pierre noire envoyait des rayons de lumière aux effets hypnotiques et qui semblait être la seule source d'apaisement immédiat.
- Nous y sommes, dit simplement le seigneur vampire qui semblait contenir une intense satisfaction.
- Heureusement qu'il est là lui, ironisa le maître nain corrompu.
Le vampire sourit de plus belle avant de de répondre :
- Oserais-je dire que cela vient de trop... bas ?
- Tu seras à ma taille avec les jambes arrachées, promit le Modeleur de Fer en affichant un air mauvais.
- Messieurs, dit simplement le seigneur elfe-noir d'un ton à peine irrité, nos invités semblent décidés à tenter de nous prendre de vitesse. Je les vois d'ici descendre la colline avec des engins de siège.
- Quels bons yeux, fit mine de s'extasier le Modeleur de Fer. Dommage qu'ils ne t'aient pas été utiles quand tu as rencontré ces fragiles humains au début de ton périple.
- Tu parles de ceux que tu n'es pas parvenu à vaincre et qui ont jeté la moitié de tes précieux golems au tapis ?
- D'un monde à l'autre, certaines choses ne changent jamais ! s'esclaffa le vampire. S'il n'est pas nécessaire de rappeler à chacun la tactique adoptée hier, nous devrions nous mettre en avant.
Personne ne trouva quoi que ce soit à redire à cela. Il n'était pas question de se laisser prendre de vitesse.
Aucun des deux protagonistes n'avait saisit cette allusion à "d'autres mondes", et aucun n'avait considéré que cela était important. Du moins, de façon officielle.
- Toi et moi, nous avons sans doute beaucoup de choses à nous dire, murmura l'elfe-noir pour lui même.
-
Je suis tout à fait d'accord, répondit la voix du vampire directement dans son crâne.
Les trois armées se mirent en route. La bataille allait commencer et cette campagne arriver à sa conclusion, enfin.
***
Parmi les six armées, personne ne se doutait qu'à cet instant, un vieillard perché sur le flanc d'une montagne les observait, et riait aux éclats.