Pour s’amuser, et parce que je fais quelquefois référence au jeu d’échecs qui restent une de mes vraies passions, je souhaite partager avec vous quelques réflexions.
David Bronstein, un des plus grands joueurs à n’avoir pu conquérir le titre mondial explique dans un de ses ouvrages que les échecs sont le mélange d’une
science (Ce qui se comprend aisément pour qui a essayé de jouer au moins une fois en dépassant le stade du "si je vais là, il va là". Il n’y a qu’à voir la masse d’écrits produits sur le jeu pour trouver la "vérité" de certaines positions. Avec l’avènement de l’informatique ce côté scientifique semble plus présent que jamais.), d’un
sport (Là encore, il est peu besoin d’expliquer, c’est une activité de compétition, mettant aux prises des joueurs opposés dans la conquête d’une victoire ou d’un titre. Même si l’aptitude à maîtriser une technique physique manque, ce qui exclu le jeu du cadre sportif olympique
de facto, la dimension sportive de cette activité est indéniable.), et d’un
art (Ici, l’argumentaire est ardu, car comme tout art, il nécessite l’initiation pour pouvoir pleinement l’admirer et profiter de ses richesses. Cependant des milliers d’amateurs se sont émerveillés devant la virtuosité et la beauté des conceptions de champions, et cette admiration dépend grandement des goûts et des inclinaisons des spectateurs. Enfin, à mon simple niveau, j’ai toujours considéré le jeu comme ma "zone de créativité" personnelle, comme d’autres jouent de la musique ou dessine. Enfin ceci peut être débattu mais tel n’est pas mon objet ici.)
Or, ce grand joueur est, en plus de ses talents de combattants des 64 cases, mondialement connu pour un livre, un best-seller qui a accompagné des générations de joueurs dans leur découverte du jeu et dans leur progression : le compte rendu du tournoi des candidats de 1953 qui s’est déroulé à Zurich. Ce tournoi devait désigner le challenger de M. Botvinik, champion du monde en titre,
"ennemi personnel" de l’auteur. Bronstein avait gagné la précédente édition du tournoi des candidats en 1950 et n’avait pu conquérir le titre à l’issue d’un match en 24 parties clos sur le score de 12 à 12, uniquement parce que le champion conservait le titre en cas de score nul.
Ce livre, il l’intitula :
L’Art du Combat.
Je m’en vais donc vous présenter quelques citations choisies sur le jeu, au sujet de cet aspect : le combat, je vous mets aussi une petite notice sur les auteurs.
En espérant vous faire partager une de mes passions, ne pas trop vous ennuyer et expliquer un peu (car ce n’est qu’une part) les réactions que je peux avoir vis à vis du wargame
Les échecs sont plus proches de l'art de l'assassinat que de l'art de la guerre.Arturo Perez-Reverte (1951 – xx Espagnol, ancien reporter de guerre, scénariste et écrivain)
Les Échecs sont et restent toujours un combat, un combat intégral comme la boxe, la lutte ou un autre sport, et où il doit y avoir un vainqueur et un vaincu. Joseph Emil Diemer (1908 – 1990 Maître allemand, largement compromis pendant la période nazie, exclu par la fédération allemande pour dénonciation calomnieuse de ces dirigeants d’après guerre avec lesquels il étaient opposé, adepte d’un ésotérisme douteux basé sur Nostradamus, interné dans un établissement psychiatrique de 1965 à sa mort)
Le moment que je préfère le plus dans une rencontre, c'est celui où je sens que la personnalité de l'adversaire se brise. Robert Fischer (1943 – 2008 Américain, 11ème champion du monde. Il est le premier joueur à ravir le titre aux soviétiques depuis le sacre de M. Botvinik en 1948. Il gagne le titre en 1972, ne le remet pas en jeu en 1975 et est déchu "sur tapis vert". Il ne rejoua aucune partie officielle après son match de championnat du monde. Influencé par une secte chrétienne américaine dans un premier temps, il s’en détache ensuite et développe des thèses antichrétiennes et antisémites alors qu’il est lui-même issu d’une famille de confession juive. Ses comportements seront de plus en plus dictés par ses délires paranoïaques. Il finit sa vie en Islande dans un relatif dénuement, recherché par le gouvernement des USA pour avoir contourner l’embargo de la Serbie en 1991 pour un match revanche à vocation commerciale avec Boris Spassky. Il reste cependant un des plus grand joueur de l’histoire du jeu et un des champions ayant le plus outrageusement dominé la concurrence quand il était au sommet de se carrière.)
Les Échecs mettent en conflit, non pas deux intelligences, mais deux volontés. Emanuel Lasker (1868 – 1941 Allemand, 2ème Champion du monde. Docteur en mathématiques, ami d’Albert Einstein avec lequel il entretient une correspondance au sujet de la théorie de la relativité et auteur d’essais philosophiques. Il considérait les échecs comme une activité parmi d’autres et ne jouait pas si les conditions financières proposées étaient insatisfaisantes. Il soutient l’idée de la supériorité de la pensée germanique, faisant le parallèle entre la supériorité de la culture allemande, celle des joueurs d’échecs allemands et les succès militaires du début de la 1ère guerre mondiale. Il fuit l’Allemagne à l’arrivée des nazis en raison de son judaïsme. Il se réfugie à Moscou, puis à New-York. Il est le champion qui, le premier, prend en compte le jeu comme un duel de personnalités, il est réputé pour avoir choisi ses coups pour gêner ses adversaires en leur proposant des situations qu’ils n’appréciaient pas plutôt qu’en recherchant le meilleur coup intrinsèque de la position.)
Il n'y a pas de prix trop élevé au scalp de l'ennemi. Alexander Koblentz (1916 – 1993. Letton / Soviétique, journaliste et entraineur d’échecs. Il est l’entraineur du 8ème champion du monde M. Tal. Pédagogue reconnu, il mène les équipes lettones à des succès en URSS alors que les équipes russes étaient favorisées, il est l’auteur d’une série de livre d’apprentissage à succès traduit dès les années 70 en occident. Il reste dans les mémoires comme l’entraineur du plus grand joueur d’attaque de l’histoire du jeu : M. Tal,
le Magicien de Riga.)
Il n'y a pas de sport plus violent que les échecs. Gary Kasparov (1963 – xx Russe / Soviétique, 13ème champion du monde. Il prend le titre à A. Karpov (successeur de R. Fischer) en 1985 après qu’un premier match non terminé ait été annulé en 1984. La rivalité des 2 K marquera le monde des échecs pendant toutes la décennie 1980, les 2 joueurs s’affrontent au cours de 5 matchs pour 144 parties. L’inimité entre les 2 hommes, Karpov faisant figure d’apparatchik brejnévien, alors que Kasparov représente la pérestroïka est notoire. C’est ainsi qu’est médiatisée leur lutte sur l’échiquier en occident. Il est le joueur à avoir conservé la place de N°1 mondial le plus longtemps et le titre mondial, sans interruption pendant 15 ans, soit plus que n'importe quel champion depuis la 2nde guerre mondiale. Son engagement politique le voit soutenir B. Eltsine. Il se rapproche par la suite des milieux néoconservateurs américains et il devient un opposant à V. Poutine, il est emprisonné brièvement pour trouble à l’ordre public en Russie. Il est aussi un des soutien des théories de la nouvelle chronologie d’A Fomenko, théorie très majoritairement réfutée par la communauté historique prétendant que l’antiquité est une "invention" jésuite suite à la mauvaise interprétation de textes anciens. Il constitue pourtant, encore aujourd’hui une des personnalités les plus marquantes de l’histoire des échecs, étant considéré par certains comme le plus fort joueur de l’histoire tout en divisant profondément l’opinion quand à sa personnalité et ses attitudes.)
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En espérant ne pas avoir été trop pédant ou barbant
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