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 La compagnie du Fort Sarkusson

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3 participants
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Brasidak

Brasidak


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MessageSujet: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyDim 19 Déc - 10:40

Je me suis lancé dans une campagne Vanguard grâce à mon compagnon de jeux SARA Wink.
J'ai bien accroché au système de jeux et le côté "jeux de rôle" du mode campagne me plait bien.
Cela permet d'aborder le monde de Pannithor sous un autre angle et j'ai donc écrit un petit complément au Fluff de mon armée King of War. Pour ceux qui sont intéressés par le texte qui va suivre, j'en recommande la lecture car j'y fais quelques références (ok là je me fais de la pub gratuite).
Je vais essayer d'écrire un texte à chaque étape de la campagne, en espérant que ça puisse plaire à quelqu'un.

Prologue : Dans la cour du Fort Sarkusson


Quelle arbalète de merde... Mais bon c'est comme ça maintenant, t'es vieux et ta vue ne te permet plus de manier ton bon vieux fusil de tireur d'élite.
Dans toutes les armées naines les Sentinelles de fer sont respectées. Elles forment un contingent non négligeable des troupes. Entrer chez les sentinelles est perçue comme un remerciement pour tes années de galère en premières lignes. On te dit : “tiens une arme de tir, tu vas reposer tes guiboles et tu te prendras moins de coups sur la tronche”.
Mais chez nous, à Ashkadul, tu n'entres pas chez les Sentinelles. On t'y balance à coup de pied au cul, parce que tu vaut plus rien à ton ancien poste, parce que la bière a trop gonflé ta bedaine, ou encore parce que t'as fait vraiment chier ton supérieur. Comme moi. Ma putain de grande gueule. Mais c'est une autre histoire, c'est du passé. Toujours est-il qu'on est pas fier de nos Sentinelles de fer, à Ashkadul. On aime pas trop les sortir les jours de parade, et elles ont rarement l'occasion de briller sur les champs de bataille. A Ashkadul les tireurs, c'est des tireurs d'élite, et puis c'est tout. On est tout beau, avec du matos tout brillant, on a pas de vers au cul et on roule pas sous la table les jours de solde. Mon cul. Chez nous c'est la merde comme partout, comme je dis toujours.
Mais bon, de temps en temps, on se rend compte qu'on a besoin de types capables de se déplacer un minimum entre deux tirs, plutôt qu'un jeune premier en tenu d'apparat qui certes te décoche la tête d'un capitaine gobelin à 36 pas, mais qui va mettre trois heures à bouger tout son beau matos. Et oui, une arbalète c'est pas si mal pour trouer de la peau-verte, du sanglier, ou de la peau-verte sur sanglier, quand on se balade en forêt. Alors on fait appel à nous, les Sentinelles. Pas qu'on soit les mieux placés pour les missions qu'on nous donne, non. Mais on a pas mieux, parce qu'on sait tous qu'on nous donne un boulot taillé sur mesure pour des Patrouilleurs. Mais non, le Seigneur Brasidak a dit “plus de Patrouilleurs”, alors y a plus de Patrouilleurs. Et ça changera pas, parce que “maintenant c'est la tradition”, et la tradition on y touche pas. Enfin avant c'était la tradition d'avoir des Patrouilleurs et on a touché à la tradition sans que ça dérange trop notre bon Seigneur, donc je dis qu'on se fout un peu de notre gueule, comme toujours.

Ma mission, là, si tu te demandes, elle est à l'image de mon arbalète : c'est une merde. Le gros Golloch, il a envoyé du lourd dans les montagnes d'Halpi et il a réétendu son emprise sur la zone. Mais après le passage de l'armée, il faut bien quelques trouffions pour garder la boutique. Alors on nous a envoyé, avec les collègues de la compagnie, officiellement pour retaper ce fort et sécuriser la place. Un fortin merdique construit par des bras-cassés d'humains. Même pas de la pierre de taille, quelle honte. Alors bon, l'avantage c'est que tous les méchants son morts, l'artillerie naine a fait son travail. Y pas à dire, je la respecte, elle est efficace, ça oui. Il reste plus que quelques brigands qui essaient de chaparder en douce un sac de farine par-ci, un torchon sale par là. Non mais sérieux les gars, piller une terre désolée par les ravages de la guerre en pensant faire le casse du siècle, c'est un peu comme croire qu'on va voler la virginité de la patronne de la maison close, non ? En fait le Golloch il veut surtout montrer que les Nains sont de retour. Et quand on est pas à entasser des pierres pour faire un enclos à brebis, désolé mais je trouve que ce putain de fort ne procure pas plus de sécurité qu'une bergerie, et je sais de quoi je parle, j'ai tenu la position trois jours durant dans une putain de bergerie contre des assauts d'Ogres en attendant les renforts... Ils en ont tiré une, de tronche, les Ogres quand il ont apperçus le lance-flamme du Béhémoth de fer qui avait fini par se ramener... Mais on s'égare. Donc en fait on est surtout là pour montrer nos belles armures aux villageois des alentours, pour qu'ils chient dans leur froc et qu'ils réclament pas les terres qu'on a récupéré, tout en les rassurant assez pour qu'ils renvoient leurs chariots de marchandises sur les routes. Et tu le sais elles mènent toutes au même endroit, les routes, comme je dis toujours.
C'est pour ça que Turok, notre Sergent, il part souvent en patrouille. Pour en imposer. Et faut dire qu'il en impose, avec son armure bien astiquée. D'ailleurs y a pas que l'armure qu'ils s'astiquent, les gradés de la compagnie. Là je le vois dans la cour, ça s'active aux tâches ingrates ches les miliciens pendant que le grand Rurryik, le Garde de Fer, il se tourne les pouces. Enfin il se tourne pas vraiment les pouces, il joue à faire tournoyer son arme lourde et son grand bouclier. Et putain ça me fait chier de l'avouer mais il a la classe. Y a presque une certaine grâce dans ses mouvements et ça dégage une impression de puissance de fou. Pas étonnant que la troupaille se la ferme et exécute les ordres en baissant les yeux. Barombrik aussi il se la touche bien pendant que les autres se cassent le dos. Lui c'est un fils à papa. D'un gros papa, si tu vois où je veux en venir. Un putain de fils de Maître de Forge qui pisse de l'or massif. Mais papa est pas fou, il envoie pas son fils à la guerre comme ça, il lui a fourni l'équipement que tu aurais rêvé avoir si tu avais eu assez d'imagination. C'est du solide, du putain de solide -tu m'arrête si je dis trop souvent putain-, tu peux faire une partouze avec une horde de Trolls et en ressortir vierge. Et puis t'as le canon intégré qui va bien. Il est pas plus compliqué à manier qu'un couteau à beurre, et ça te traverse une armure de Paladin... comme du beurre, justement. Mais rêve pas, c'est pas pour toi. C'est même pas pour notre Prince et chef des armées, Gornik. Non, ils ont pas voulu lui en fournir une, les Forge-Guerre. Soit disant parce que “ce n'est encore qu'un prototype imparfait, mon bon Seigneur”. Il doit avoir la raie humide le bon Seigneur avec touts ces lèches-cul, mais la vérité on la connait tous, ils veulent la lui mettre, et bien profond, les Forge-Guerre. Et c'est pour ça qu'il va au combat avec sa bite et son marteau, le Gornik. Ouais, ils attendent que ça, les Forge-Guerre, qu'une bonne vieille flèche empoisonné d'Elfes du Crépusucule trouve le coeur du Prince à travers sa côte de maille. Enfin je leur souhaite bon courage aux Elfes parce que chez les Nains, on forge pas à la petite semaine, non, ça jamais, et la plus petite cuirasse qui vient de chez nous, ça vaut bien trois armure des autres races, exceptées celles de nos frères pervertis, parce que des Nains Abyssaux, ça reste des Nains.

Et ouais... Brasidak, Gornik, Barombrik, Rurryik, Turok. Les Seigneurs, les gradés.
Moi c'est Tazog. Le camarade Sentinelle là-bas c'est Talgog. Et y'a aussi Kazog et Lazag, les Brise-Fer de notre compagnie. Le gars avec sa foreuse, c'est Mellog. Et les miliciens, tout le monde s'en fout de leur nom parce que tu sais qu'ils vont creuver avant que t'ai réussi à le retenir, mais tu peux être sûr que c'est des “-Og”.
T'as compris ? A Ashkadul c'est comme partout, t'es en haut ou t'es en bas. Y a les “-Ak” et y'a les “-Og”. Parce qu'il y a bien longtemps, tellement longtemps que tu pourrais te demander si en fait ça c'est bien passé comme ça ou si on te faire prendre des vessies pour des lanternes histoire de te la mettre en douce... Parce qu'il y a bien longtemps donc, Ajabak était parti en exil avec son peuple, on sait pas pourquoi. Moi je crois qu'on sait pourquoi mais qu'on a pas voulu le dire, histoire de protéger la réputation du type, parce qu'à mon avis tu pars pas en exil si t'as pas fait une putain de bonne grosse connerie. Mais bon, si on s'en réferre à ce qu'on veut bien nous dire, Ajabak a fondé sa colonie, il a imploré la Déesse Dianek, tout ça tout ça, et la suite tu la connais, il règne en grand seigneur sur un peuple prospère. Un peuple avec des noms en Ak, en Ik en Ok.
Et là, surprise, des vieux cousins débarquent. Tu va voir, tu vas tout comprendre Des vieux cousins avec des noms en Og ou en Ag. Et l'histoire dit qu'Ajabak, le bon Ajabak, les accueillis avec toute la sollicitude du monde puisque -grâce à Lui, a-t-il sûrment glissé entre parenthèse, il y avait à boire et à manger pour tout le monde. La vérité si tu veux mon avis c'est que y'avait pas tant de place que ça dans ces foutus grottes et qu'il était pas tellement ravi. Alors les nouveaux arrivant sont restés en seconde zone, avec une étiquette d'opportunistes qui leur est resté collé à la peau comme de la bave de grenouille venimeuse de Nérética. Et c'est une loi écrite nulle part mais appliquée partout : tu montes pas dans la société si t'es un Og. Et ouais, ici c'est la même merde que partout, faut pas souscrire aux mythes fondateurs. On t'endors avec des histoires de dirigeants aux nobles desseins, et ensuite on te la met comme il faut. Comme toujours.

Y'en a qu'un seul ici qui fait pas la différence : c'est Siodok le Bon, le Prêtre de la Pierre. Lui il a pas volé son surnom, il te soigne les uns et les autres sans se soucier du patronyme. Mais enfin c'est toujours plus facile de se la jouer esprit ouvert quand t'es du bon côté de la fracture sociale. Quand même, je préfère ça à l'autre prêtre, Helguk. Lui c'est un connard d'élitiste de première. Il faut dire que Monsieur a fait ses classes avec le Prince Mornak, Prêtre de la Flamme comme lui. Mais bon en ce moment il a les pieds dans la même merde que nous, et c'est bien fait pour sa sale gueule. Fallait pas tomber dans la picole mon grand. La jeunesse dorée ça peut vite partir en couille quand la tête gonfle trop vite. Comme quoi si ça se trouve y'a une justice.

Merde, va falloir que j'arrêt de refaire le monde et que je me bouge le cul, y a de la fumée noire derrière la colline et m'est avis que les affaires reprennent, et que cette fois c'est pas pour torcher des culs de voleurs de pommes.

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyMar 21 Déc - 14:30

Salut!

SUPER, continues!

Amical partage, JCK
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Brasidak

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyMer 22 Déc - 12:01

Merci JCK pour les encouragements, et merci de proposer des vidéos autour de Kings of War, c'est important de faire vivre l'univers autour du jeu !

La suite arrive justement avec le récit de la première partie :


Chapitre 1 : Embuscade dans les bois


“Sergent, votre bouclier”.
Garanak avait tout de suite compris, lui aussi. C'est un bon élément. Pas besoin de tout lui expliquer, ni de lui dire tout ce qu'il doit faire. Il a une lecture efficace des situations, et il anticipe quasiment toujours mes ordres. Mais là, il a fait preuve d'une vraie finesse, parce qu'il en fallait pour remarquer le changment d'attitude de Wulf, le dresseur de dogues. Wulf n'est pas bavard, il entre tout à fait dans la catégorie de de ceux qu'on peut appeler les marginaux. D'ailleurs il ne se rappelle même plus de son vrai nom, et il se fait appeler Wulf parce que c'est comme ça que ses chiens s'adressent à lui, soi-disant. Alors, qu'il s'enferme dans un profond silence ou qu'il se crispe, cela n'a rien d'inhabituel. Sauf que là, les traits de son visage trahissaient une légère inquiétude, et les quelques gouttes de sueur qui perlaient sur sa nuque n'était pas due à la température, impossible à l'ombre de cette forêt de sapins sur les contres-fort Ouest des monts Halpi. Les autres membres de l'escouade, eux, n'avaient rien remarqué.
“Tout le monde récupère son matos de combat et on se réveille, les feignasses !”, leur lançais-je.
“Et on se la ferme” que je rajoute, à l'attention de Kazog qui s'apprêtait à la ramener, comme d'habitude.
Le matériel de combat, c'est le bouc de Garanak qui le transporte, quand on fait nos tournées. Un bon bestiau, bien adapté au terrain. Lui ne se prend pas les pieds dans les souches et il ne glisse pas dans les feuilles mortes, malgré les 200 kilos qu'on lui a mis sur le dos. Et il se laisse conduire par Garanak comme un petit agneau obéissant à sa mère. Peut-être est-il sensible au charisme de Garanak ? En tout cas ce n'est pas son entrainement de Garde de Fer qui lui a appris comment s'y prendre avec les bêtes. Toujours est-il que dès qu'on a acheté le bouc aux villageois, ça a collé entre eux, et il a donc été décidé que Garanak en aurait la charge.
Je dois l'admettre, je suis bien content de pas avoir à me tartiner tout mon équipement sur des milles de chemins mal entretenus. Quelques décennies en arrière je m'en serais bien moqué, et je n'aurais pas hésité à faire toute la tournée avec ma panoplie sur le dos et pourquoi pas un marteau dans chaque main, juste pour fanfaronner. Mais j'ai vieilli. On ne m'a pas envoyé pour “sécuriser” le fort Sarkusson par hasard. J'arrive à la fin de ma carrière. Une carrière sans gloire et je ne vois vraiment pas comment elle pourrait se terminer sur un coup d'éclat, maintenant. Merde, je m'égare, au moment il faudrait être plus concentré que jamais. On ne commet jamais une erreur en en faisant trop quand le danger se pointe. Et si je met le branle-bas juste pour Sac-à-Puces qui s'est perdu, ça blaguera bien ce soir autour de la table, mais ça ne blessera que mon égo, qui commence à être fichtrement blindé.
“Je sais pas trop ce qui vous émoustille, mais moi je ...” Un bruissement soudain claque le bec de Kazog.
“Battement d'ailes à 11 heures. C'est pas un piaf.” Annonce Frurg, un cuirassier, avec sa voix froide comme l'acier de son bouclier.
“C'est quoi alors ?” Le milicien qui vient de l'ouvrir, lui, transpire la peur. Sa lance ne tiendra pas longtemps ses adversaires à distance s'il ne montre pas un peu plus de détermination.
“A vu de nez... une Gargouille. Allez viens mon enfant, c'est pour nous, je vais lui faire tâter de mon marteau”, enchaine Kazog. Il gagnerait à fermer plus souvent sa gueule, mais pour ce qui est du maniement de son marteau, il fait honneur à la réputation de nos Brise-fer.
Pendant que le duo quitte le sentier pour s'enfoncer discrètement dans les bois à main gauche, Wulf et ses chiens s'avancent pour se positionner sur une petite butte dégarnie à droite.
J'ordonne au jeune milicien équipé d'une arbalète légère de les suivre, il n'aura a pas de meilleure position de tir dans le coin.
Le chemin est assez large sur cette portion de la route, et on reste groupé avec le reste de l'escouade. Garanak est monté sur le bouc, prêt à charger au galop si l'occasion se présente.
Un Abyssal Mineur déboule soudain en plein milieu en beuglant. La sanction ne se fait pas attendre, un carreau d'arbalète bien placé le terrasse sur le champ. Le gamin n'a pas hésité, pas mal pour un bleu.
Ça commence à grogner sévère derrière les sapins. Pas bon ça.
“Un Champion Tourmenteur se ramène gauche, Sergent. Et du côté de l'auberge abandonnée qui nous fait face y'a toute une tripotée de diablotins qui se terrent.”
Ok, va falloir prendre des décisions.
“Frurg et ton lancier, vous foncez droit devant bloquer ces foutus Diablotins. Les autres avec moi, formation serrée, va falloir encaisser la charge du patron.”
Kazog aussi a réagit et se repositionne pour se placer entre les rugissements et nous. Courageux.
Frr frrr frrr. La Gargouille se montre enfin. Elle s'est jetée sur Garanak. Mauvaise pioche. Le Garde en est pas à son coup d'essai et la réduit en bouillie sans accuser la moindre égratignure.
Des flammes commencent à fuser. Merde, j'aime pas ça. Les Porte-Flammes des Abysses, c'est pas ce qu'il y a de plus intelligent ni de plus tenace, mais leurs saletés de traits de feu, ça vous cuit les chairs à travers la cuirasse.
L’arbalétrier et Wulf sont trop loin pour les atteindre, fait chier.
“Garanak vas-y et dégomme-moi ça en vitesse”. Il acquiesce et s'élance en direction des tirs sans sourciller.
Moi par contre je me sent d'un coup moins rassuré pour affronter le Champion. La brute vient de sortir du bois. C'est du costaud, et faut pas espérer l’apitoyer avec une formule de politesse ou une courbette. De la rage dans ses yeux, c'est tout.
Le lancier veut s'interposer, et se fait décapiter sans que le chef de guerre abyssal ne prenne la peine de le regarder.
Là, je perd un peu le fil. On se sert les coudes, avec Breng, l'autre cuirassier et Kazog qui s'est ramené. On tape, on encaisse. Je m'expose pas comme je devrais, je m'en rend bien compte. C'est pourtant à moi de porter les coups, c'est moi le Sergent, bordel. C'est moi qui suis censé être l'exemple, le guerrier d'élite qui inspire ses troupes. Mais j'y peu rien, je recule un peu, et c'est Breng qui récolte à ma place. Certes, il est là pour tenir la ligne, c'est son poste. Mais j'ai honte au fond de moi.
Finalement c'est Garanak qui nous sort de la panade. Il a tué ou mis en fuite les Porte-Flammes et il a lancé une charge de dos bien sentie contre le Tourmenteur, et lui a réglé son compte. C'est ce que je disais, il a une excellente lecture du champ de bataille et il sait prendre des initiatives quand il le faut. Je lui dois une fière chandelle.
Au centre aussi, ça chauffe. Les Diablotins qui font face à Frurg et son milicien ont été rejoint par un puissant Garde des Abysses. Le lancier protège le dos du cuirassier, mais il ne fait pas le poids. La lourde hache de son adversaire ne ralentie même pas sa course quand elle le traverse de part en part.
Heureusement Breng s'est relevé -il est coriace le bonhomme !, et il rejoint son camarade. Tout les deux se reforment. Leurs mouvements se coordonnent. En quelques secondes les deux guerriers sont devenu un mur. Un mur d'acier en mouvement, qui part les coups sans se découvrir. Un mur d'acier qui rend les coups, avec une redoutable efficacité. C'est beau à voir, ce ballet de haches et de boucliers. Ça vous rend fière d'être un Nain. Les cuirassiers, c'est la base de notre armée. Mais cette base vaut bien l'élite de la plupart des autres races de Pannithor.
Bref, on a repris la main et l'escarmouche se termine avec deux miliciens sur le tapis, et un bon tas de cadavres écarlates qui puent le souffre.
Faut pas qu'on s'attarde. Des Forces des Abysses dans le coin, c'était pas au programme.
“Ok les gars, beau travail. Mais là on va changer les plans. Finit la branlette dans les bois, faut prévenir la garnison au plus vite que ça commence à sentir le charbon dans le coin.”
“On est a trois jours de marche de Fort Sarkusson, chef.”
“Bien vu Kazog, tu me prends vraiment pour un benêt ? On repart vers la colline au Nord de Farnigune, son feu d'alarme est peut être encore en état.”

On s'est rapidement remis en marche, en silence, direction le hameau de Farnigune que nous avions traversé la veille. Les blessures reçues par la troupe étaient légères, elles guériront vites. A vrai dire je les connait mes gars : ce qui ne les tue pas les rends plus fort. Et après des semaines à veiller sur un tas de caillou et à faire la tournée de tous les cul-terreux des alentours, reprendre le combat leur fera le plus grand bien.
Mais moi j'accuse encore le coup. Je m'en veux tellement d'avoir reculé devant le Tourmenteur. J'essaie de me convaincre que c'était un repli stratégique. Que je dois me ménager pour rester en vie car c'est mon devoir de Capitaine, la Compagnie compte sur moi pour la diriger.
Mais je suis comme tout le monde : j'ai toujours admiré les héros, les actes de bravoure. J'ai aspiré moi aussi à la gloire. Dans mon esprit, un chef de guerre n'était pas un habile stratège, mais le plus puissant combattant du clan. C'est sûrement parce que je ne voulais pas me résoudre à abandonner cet idéal que mes professeurs de l’École des Officiers m'ont cruellement baptisé “le Flamboyant”. Car jamais, en dépit de mes aspirations, je n'ai réussi à briller. Jamais je n'ai dépassé mes camarades dans le maniement de la hache ou du marteau, ni même de l'arbalète ou du fusil. Je ne comprenais pas plus vite que les autres, et je ne m'exprimais pas non plus de façon particulièrement claire ou élégante. Je pouvais mener à bien les missions d'entrainement en prenant de bonnes décisions, mais mon manque de charisme m'empêchait de me faire obéir correctement. Il m'a fallu beaucoup de temps pour gagner l'assurance suffisante pour commander des troupes. C'est pourquoi je souffrais chaque fois que je m'entendais appeler le Flamboyant : chaque fois je mesurais l'écart entre la réalité et mon phantasme. Et le couteau de la lucidité remuait dans la plaie de mon amour propre.
Et pourtant mes mentors n'ont cessé de me le marteler : “un grand meneur d'hommes est celui qui sait s'effacer derrière sa troupe, qui laisse la place nécessaire pour que chacun de ses soldats développe ses capacités en synergie et non en concurrence avec les autres. C'est ainsi qu'un collectif devient plus fort que la somme de ceux qui le compose. C'est la voie humble et difficile des vrais chefs”.

La troupe s'arrête soudain et me tire de mes pensées : nous arrivons à un croisement. D'un côté la route redescend la vallée vers Fort Sarkusson, de l'autre elle continue à flanc de colline dans la forêt jusqu'au hameau de Farnigune, et de là un sentier escarpé nous conduira au feu d'alarme. Mais celui-ci étant à l'abandon depuis des années, nous ne savions pas si nous serions capables de le faire fonctionner. Alors il nous fallait un plan de secours. Garanak à dos de bouc mettrait environ un jour et une nuit pour rejoindre le fort, en chevauchant jusqu'à l'épuisement, ce qui était probablement suffisant pour préparer la Compagnie à un éventuel assaut. Probablement. Allumer le feu d'alarme restait donc l'objectif principal.

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyLun 27 Déc - 9:33

J'adore , je sent bien le coté nain ^^
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Brasidak

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyMar 28 Déc - 20:35

Merci Hammers Wolf ! J'essaie en effet de rester fidèle à "l'esprit nain", en tout cas l'idée que je m'en fait Cool

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyMar 4 Jan - 22:15

Et voilà la suite des aventures de ma Compagnie:

Chapitre 2 : Le Feu d'Alarme de Farnigune


Je savais bien que ma petite virée n'allait pas plaire au Sergent. J'avais enfreins les ordres et causé quelques dégâts dans l'Auberge des Trois Vallées (il ne le savait pas encore) et dans le hameau de Farnigune (ça, il l'avait bien remarqué). Alors, c'est sûr que je ne m'attendais pas à une haie d'honneur. Mais j'espérais, à défaut de remerciements, au moins un peu de reconnaissance. Oui, j'étais fier de mon travail d'investigation… informelle.
“-Vous ne devriez pas dédaigner les débits de boisson, Capitaine. C'est là qu'on obtient les meilleurs tuyaux, quand on sait s'y prendre. Je ne nierais pas que je m'y suis enivré, et j'admets même que c'était le but premier de mes sorties vespérales (ils acquiescent d'un air entendu). Mais peut importe, c'est souvent quand on ne cherche pas qu'on trouve. Et j'ai flairé une bonne piste. J'ai détricoté pas mal d'histoires décousues dont mon esprit à su reconstituer la trame, grâce à ma source d'inspiration habituelle, si vous voyez ce que je veux dire.
-Ne te cherche pas d'excuse. Picoler n'a jamais rendu les idées plus claires, même pour un fieffé ivrogne dans ton genre.
-Bref, voici le fruit de mes investigations, et l'explication à ma présence en ce lieu que vous me réclamiez. Sous vos yeux ébahis....
-Accouche.
Le ton du Sergent ne laissait aucun doute sur son appréciation de mon sens de la mise en scène.
Je déballais donc sans plus attendre le petit coffre en bronze oxydé, dont les inscriptions maléfiques grossièrement gravés trahissaient l'origine : un artefact ayant appartenu aux Vermines.
Je relevais le couvercle avec précautions : toujours rester prudent avec ce type de joujoux.
“La science des Vermines diffère grandement de la notre. Leur savoir est moins ancien, ils ne sont pas aussi appliqués, il n'ont pas le goût du travail bien fait qui anime le moindre de nos artisans. C'est à juste titre qu'ils nous répugnent, et que nous les méprisons. Mais il serait arrogant voire imprudent de ne pas leur reconnaitre une certaine réussite technologique, dans le domaine exclusif de la destruction soit dit en passant. Voici ce que j'ai appris. Ce coffre entra en possession de Gobelins lorsqu'ils vainquirent les Vermines dans les sous-sol des Monts Halpi. Puis, ces mêmes gobelins furent massacrés dans la forêt qui nous surplombe par une avant-garde de Basiléens qui rejoignaient des Nains Libres près de la côte. J'imagine aisément que les Basiléens n'ont pas pris la peine de dépouiller des cadavres puants de Gobelins. Les pauvres paysans humains qui nous entourent n'ont pas eu ces scrupules. Il a ensuite fallu déployer des trésors de persuasion pour qu'ils remettent ce coffre entre mes mains...
-Ta gueule, ça va nous coûter un tas d'or pour réparer tes conneries. Alors c'est quoi ces petites boules ?
-Ces petites boules comme vous dites, Capitaine, il faut une certaine maîtrise des arts magiques en général et des runes de feu en particulier pour en comprendre le fonctionnement. Mais une fois leur secret décelé, leur utilisation est simple. Simpliste même, si j'ose dire. Rappelons-nous qu'elles étaient destinées à être utilisé par des créatures à l'esprit étroit. En fait il suffit d'enclencher ce petit dispositif, ici, et de jeter de toute ses forces ladite boule vers un ennemi de son choix, en prenant garde qu'il ne soit pas trop proche. Et... boum !
Ce sont des grenades, Capitaine. Des grenades redoutables si vous voulez mon avis. Et en raison de leur parcours, depuis les sombres entrailles de la terre aux mains de viles créatures, vers la lumière auprès de nobles guerriers, j'ai décidé de les baptiser “les Saintes Grenades”.

Les applaudissements ne vinrent pas.
“Ok donne moi ça et on repart en vitesse, je t'expliquerais en chemin.”
Le Sergent Turok se tourne vers le petit sentier pierreux qui gravit la colline et ajoute dans sa barbe : “Merde, le Fort est encore plus dégarni que je ne croyais.”
On me met rapidement au parfum concernant les Abyssaux et le plan du feu d'alarme.
Alors finalement, cette remarque du Sergent, sur le Fort qui est dégarni sans moi, c'est mieux que des remerciements, c'est de l'or qui coule dans mon esprit. Quoi ? Tout compte fait on compte sur moi ? Je vaux quelque chose aux yeux des autres ? Je ne suis plus le paria puant la vinasse à qui on n'adresse la parole que pour faire des reproches ou donner des ordres ?
Car oui, je l'ai perçu dès mon affectation, que personne ne m'aimait dans la compagnie. Ni même ne me considérait comme l'un des leurs. Ma réputation m'avait précédé, mes exactions étaient connues de tous lorsque je passais sous les ordres de Turok. Et l'accueil fut glacial, violent même. A croire qu'ils attendaient depuis longtemps un souffre-douleur et que je n'étais là que pour servir de déversoir à la frustration, la colère, et, disons-le, la peur, accumulées par les années passées dans les rangs de cette foutue armée. Alors c'est sûr que je ne me suis pas donné la peine de les détromper. Je me suis comporté comme on l'attendait, au vu de mes erreurs passées. Je suis resté irascible, indiscipliné, soulard. Bien que soulard ne soit pas à proprement parlé un défaut dans l'armée naine. La boisson a une place d'honneur dans nos traditions, nos rites de passages. Elle cimente les camarades, elle réconforte les endeuillés, et les concours de picole tiennent lieu de combats de coq à tous les gros durs à la virilité contrariée, avec un moindre risque de finir estropié que les duels au couteau, ce qui est important du point de vue de l’État Major. Mais moi j'ai un vrai défaut, impardonnable dans la micro-société que forme notre Compagnie : j'ai l'alcool mauvais. Vraiment très mauvais. Alors je casse l'ambiance quand les autres veulent profiter de ce qu'ils considèrent comme “leur seul moment de détente”. Impardonnable.
Mais tout ça, ce n'est que la surface, ce n'est que ce que l'on veut bien voir. Parce que la vérité est bien plus sombre et qu'il faut un sacré courage pour la regarder en face. En fait je les méprises, parce que leur jugement serait bien plus sévère s'il était plus juste, s'ils savaient réellement qui je suis et pourquoi je suis comme je suis. Certes, il y a Siodok qui ne me juge pas. Mais son air niais et sa bienveillance à toute épreuve m'insupportent plus encore que le rejet des autres. “Mon fils, c'est quand vous vous aimerez vous-même que vous pourrez enfin aimer les autres”. Il m'énerve, le vieux Prêtre de la Pierre avec ses caisses de citations toutes prêtes qu'il vous sert à toutes les sauces. Il m'énerve parce qu'il a raison. Après tout, il faudrait pas cracher sur les millénaires de sagesse accumulée et transmise dans nos temples. Mais il n'y a pas que de la sagesse que l'on accumule au fil des millénaires. Non, car sinon on serait tous de gentils Siodok, avec un grand sourire et des larmes de compassions pour le Troll Zombie qu'on vient de décapiter.
Il y a aussi de sombres savoirs qui s'accumulent.
Et j'en sais quelque chose pour en avoir dénichés, grâce à un peu de malice et beaucoup de hasard. C'était lors d'un voyage d'étude auprès de Nains des clans de l'Alliance du Nord. Ces Nains-là côtoient des hommes, des demi-elfes, et toutes sortent de bêtes. Ca leur a donné un esprit un peu plus ouvert qu'à nous, qui restons entre Nains dans nos forteresses. Alors il y a, parmi ces Nains des clans, des prêtres qui ont trempé dans les sciences runiques d'autres peuples. J'avais bien sympathisé avec l'un d'entre eux. La cargaison d'Ale millésimée d'Abercarr que j'avais dans mes bagages m'a sûrement bien aidé. Après avoir sifflé l'équivalent d'un mois de solde (je l'ai dit : un millésime), il m'a emmené dans sa bibliothèque. De là, il a ouvert une petite porte à moitié cachée par une étagère vermoulue, donnant sur une sorte de cagibi sombre. La lueur vacillante de sa lampe à huile éclaira un coffre, qu'il ouvrit après m'avoir jeté un dernier regard, comme s'il voulait s'assurer que j'étais bien seul, ou que je n'étais pas entrain de me transformer en un Hurlesprit cauchemardesque. Le contenu du coffre était emballé dans une couverture de velours, et je commençais à me demander si ce petit jeu de poupée gigogne allait se terminer un jour. Le prêtre du Nord révéla enfin un grimoire à la couverture étrange, d'une couleur changeante, entre le rouge et le noir. Il n'y avait aucune inscription sur la couverture, ou plutôt celles-ci étaient presque effacées et je ne parvint même pas à me faire une idée de la langue dans laquelle elles avaient été tracé. Quand je demandais à mon nouvel ami où il avait déniché cet ouvrage, manifestement d'une grande valeur, il me répondit simplement qu'il était “tombé d'une charrette”. Il ne m'appris rien de plus à son sujet, car ayant moins de tempérance que le goût des bonnes choses, il souhaitait se refaire une tournée de mon Ale avant de poursuivre. Sauf qu'il ne tenait pas aussi bien l'alcool que son orgueil le lui laissait croire (ah l'orgueil des Nains... notre éternelle malédiction ou la source de notre ténacité légendaire ?), et à peine quelques chopes plus tard il ronflait dans son fauteuil, me laissant tout loisir de consulter le grimoire, ce dont je ne me privais pas. Les pages semblait être faite de peau très fine... de la peau d'Elfe. Mais le texte était assurément en Elfique, dont je connaissais les bases. Je déduisis de cette apparente contradiction qu'il ne pouvait s'agir que d'une œuvre des Elfes du Crépuscule. Un frisson d'angoisse me saisi, mais je ne pu m'empêcher de parcourir frénétiquement le grimoire, jusqu'à tomber sur ce que je devinais être un chapitre dédiée à un puissant sortilège de feu. C'était une discipline que je pensais maîtriser suffisamment pour tenter d'apprendre le sort. J'avais après tout été un élève brillant, surpassant même le prince Mornak dont j'étais un camarade de promotion. L'alcool qui circulait dans mes veines contribua aussi à troubler mon jugement, là où la plus élémentaire prudence commandait de refermer le livre sans plus attendre. Toute ma science de Prêtre de la Flamme ne m'avais aucunement préparé à la magie noire des elfes du Crépuscule. Je sentis rapidement que je perdais le contrôle de moi-même, que j'entrais en transe sans l'avoir voulu, et, petit-à-petit, une rune enflammée s'imposa dans mon esprit, obsédante. Je ne sais combien de temps dura cette transe, je ne sais comment ni pourquoi elle se termina. Je me réveillais épuisé, des coups de marteau me tambourinant les tempes. Mon acolyte des clans du Nord tirait la gueule, visiblement très contrarié, et il resta froid et distant jusqu'à mon départ, sans jamais plus évoquer cette soirée dans sa bibliothèque secrète.
Et depuis cette nuit-là, chaque fois que je ferme les yeux, chaque fois que j’essaie de dormir, cette rune maléfique s'impose à moi, et je ressent une brûlure indicible. Alors je ne dors plus qu'en arrivant à un état d'épuisement total, ou en ivresse profonde. Oui, c'est pour cela que je bois autant. C'est le seul remède que j'ai pu trouver pour grappiller un peu de repos. C'était ça ou sombrer dans la folie. Et c'est un remède bien imparfait, mon sommeil n'a jamais plus été réparateur, l'angoisse me hante de jour comme de nuit, et ma solitude est extrême. Helguk l'Allumé m'appellent-ils. Helguk l’Éteint, en vérité, serait plus juste. Je ne suis plus qu'une ombre. Une ombre attendant d'expier sa faute.

Mais aujourd'hui, sans cette ombre, il semble que le Fort soit dégarni, pour reprendre les mots du Capitaine ! De mon Capitaine, le sévère Turok ! Ça me donne une fougue du tonnerre. Sans m'en rendre compte je me met à marcher plus vite et j'avale la côte devenue broussailleuse qui mène au feu d'alarme. Wulf marche à mes côtés, ses chiens devant lui semblent attirés par quelque chose.
“Restez groupés, bordel ! On est pas tout seuls et nos invités ne sont pas venus pour faire des grillades...” Turok gueule mais je n'écoute pas. J'ai envie d'en découdre, j'ai envie de montrer à toute la Compagnie de quoi je suis capable, j'ai envie qu'ils bavent devant les torrents de feu que je m'apprête à déverser. Et surtout, je désire trouver le repentir dans le sang de nos ennemis.
Mais je vois de quels “invités” le Sergent parle. Sur le ciel crépusculaire se dessine la fière silhouette d'un cavalier en armure lourde. Ça prestance ne trompe pas : c'est sans doute un ancien noble, humain ou Elfe, dont la soif de pouvoir à corrompu l'esprit jusqu'à le faire sombrer dans les Abysses. Un de ces redoutables guerriers des temps passés qui ont perdu leur âme mais pas leur valeur au combat. Le Hennequin tourna son masque couleur sang vers moi, et je crus sentir son regard, bien que je ne puisse pas voir ses yeux, si jamais il en avait encore. Ce regard si intense souleva un souvenir au fond de ma mémoire. Souleva seulement car je fut ramené à l'instant présent par l'apparition soudaine d'une Succube. Les chiens de Wulf lui léchaient les pieds, en adoration. Ils avaient cédé à l'attraction de la démone au corps de rêve. Mais Helguk ne succombera à la luxure ! Un premier coup de lance-flamme suffit à éradiquer la belle. Une autre se rapproche, très bien : j'ouvre à nouveau les vannes du lance-flamme. Et là, peut-être sous l'effet de l'adrénaline du combat s'engageant, ou de l'odeur du feu encrée en moi mais que je n'avais plus senti après des lustres de mise au ban, le souvenir que je venais de pressentir remonta tout à fait et s'imposa à ma conscience.


C'était lors d'un sale affrontement contre une force de Nains Abyssaux que nous avions sous-estimé. Leur artillerie s'était déployé sur le flanc Est, et nous avions repositionné l'essentiel de notre infanterie en conséquence, derrière un grand bois au centre du champ de bataille qui bloquait les ligne de vue des artilleurs. Nous espérions ainsi que les tirs ne trouveraient pas leurs cibles, et que nous pourrions engager la ligne adverse au corps à corps sans avoir subit trop de perte. Cette stratégie s'était révélée efficace d'une certaine manière, et effectivement les tirs de mortier s'avérèrent imprécis. Mais le Ferromancien Suprême que nous affrontions avait anticipé notre réaction. Il détacha de son bloc central une horde de Décimateurs qu'il envoya prendre position sur une petite colline située un peu à l'écart, du côté Ouest. La situation était avantageuse car elle offrait un angle de vue idéal pour canarder nos troupes, mais nous n'en avons pas tenu compte immédiatement car nous étions hors de portée des tromblons des Décimateurs. Puis les premières roquettes ont ravagé le flanc de notre armée et nous avons alors compris : les salauds avaient embarqués des Katsuchian mobiles et s'en donnaient à cœur joie. Je fus mandé dans la précipitation d'aller les déloger. Je parti accompagné d'un régiment de Bastion, dont les grands boucliers déployés en première ligne devaient nous abriter des tirs adverses. Nous avancions tête baissée, sans regard de côté vers les camarades qui tombaient, essayant de ne pas réfléchir à ce qui nous attendait. J'ai serré les fesses quand j'ai entendu la grêle de plomb percutant les pavois du rang de tête, et puis j'ai balancé mes boules de feu avec toute la force du désespoir. J'ai donné tout ce que j'ai pu, à moitié aveuglé par la sueur et les larmes de rages qui coulaient malgré moi. Ce fut un sacré brasier que j'allumais, et d'épaisses fumées s'élevèrent et obstruèrent la vue, là où, quelques instants auparavant, se trouvait la horde d'infanterie de tir des Nains Abyssaux.
Soudain il y eut comme un retour de flamme, plus puissant encore que le feu que j'avais déchainé, et les soldats qui m'escortaient furent réduits en cendre. La fumée se dissipa, et je le vis. Le Ferromancien Suprême.
Il se tenait, hautain, sur la selle de son grand sang-mêlé ailé comme sur un trône infernal. Et il me perçait de son regard vicieux. Il avait compris, il avait vu la marque runique qui me consumait, et il en augmentait la brûlure à mesure qu'il concentrait sa volonté sur moi. Ma souffrance s'accrut jusqu'à me faire vaciller, et alors que je posais un genou à terre, je l'entendis s'envoler dans un rire démoniaque vers le centre des affrontements, où il causerait de terribles dégâts. J'assistais depuis mon observatoire à la débâcle de notre armée. Je n'entendrais plus d'autre son, ce jour là, que ce rire qui résonna de longues heures dans mon crâne, si ce n'est le faible écho des cors sonnant la retraite.
Je n'ai trouvé qu'une seule explication à l'attitude du Ferromancien : s'il a pris la peine de s'écarter autant du champ de bataille pour finalement me laisser en vie, c'est qu'il a du percevoir ma marque maléfique, et il s'en est nourri, où plutôt il s'est nourri de la souffrance qu'elle m'infligeait, et qu'elle m'infligerait tout au long de ma vie, dans un accès de sadisme propre à sa race.

Ce souvenir, je l'avais refoulé. Il m'était insupportable. Pourquoi fallait-il qu'il revienne me tourmenter aujourd'hui, jour qui devait marquer le début de ma repentance ?
Turok se mis à découvert pour s'interposer entre le Hennequin et moi. Qu'est-ce qui lui prend de jouer les sauveurs maintenant ? Lui aussi veut se racheter ? Se racheter pour avoir été si sévère avec moi ?
J'en doute, il ne faut pas rêver avec les Nains, mais je n'aurais pas le temps de lui demander : un Corrupteur répugnant me charge. La bête est immense, je n'arrive pas à compter ses pattes ou ses bras, je ne comprends pas l'anatomie de cette chose, mais bon sang elle est dégoutante. Et elle va trop vite. Je n'ai que le temps de relever mes avants-bras pour protéger mon visage, une protection dérisoire face à la puissance du monstre. Je m'effondre. Au sol j'entrouvre un œil et je vois que pour mes camarades la situation n'est pas meilleure, le sombre cavalier domine largement mes frères d'armes et les massacre. J'encaisse un autre coup et je vomis mes tripes. La puanteur m'envahit, ma vue se trouble. Je comprend que la fin arrive, moi qui espérais que ce jour marquerais un nouveau départ.
Encore un choc, des os craquent.
Mais alors, si tout se termine ainsi et maintenant, quel est le sens de cette vie ?

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MessageSujet: Re: La compagnie du Fort Sarkusson   La compagnie du Fort Sarkusson EmptyJeu 31 Mar - 21:21

En attendant la prochaine mission voici un chapitre issu du post-engagement de ma dernière débâcle partie :

Chapitre 3 : L'infirmerie Impériale

J'ouvre les yeux sans prendre immédiatement conscience de ce que je vois.
"Vous êtes réveillé Sergent ?"
Non connard, je muscle mes paupières pendant mon sommeil. Je ne suis pas dans mon assiette et la voix de Frugr m'agresse, mais je me ravise et je garde ma réplique pour moi.
Je me tourne vers lui. Il se dresse droit comme une colonne dans l’entrebâillement de la porte, qui laisse filtrer la lumière du jour. Il doit être autour de midi.
"Qu'est-ce que tu fous là, bordel ? Tu me mates pendant mon sommeil, mes ronflements te donnent la trique ?"
Je ne sais pas pourquoi j'ai envie de l'envoyer chier aujourd'hui. D'habitude je l'apprécie et j'ai beaucoup de respect pour lui, c'est un soldat parfait : docile et efficace. Mais je sais pas, quelque chose m'irrite et je suis de mauvais poil.
Il répond sans broncher :
"Je montait la garde en attendant que vous soyez de nouveau sur pied, Sergent."
Oh putain, ça y est je capte ce qu'il se passe, et pourquoi j'ai cette colère en sourdine. Non je me réveille pas d'une petite sieste dans des draps de soie. Les bandages sur mon corps, cette odeur de sang séché que je viens à peine d'identifier, et la douleur lancinante et diffuse qui affleure à ma conscience. Je suis dans un lit de paille dont les pieds bancals reposent sur un sol en terre battue. Le toit de chaume à le mérite d'être étanche, ce qui n'est pas le cas des murs en bois vermoulu.
"Mais où on est, bordel ?
-Vous êtes dans la chambre du chef du hameau de Farnigune. Les humains ont insisté pour que vous ayez la plus belle pièce pour vous soigner. Le reste du groupe est installé dans la grange d'à côté. C'est une chance que cette communauté dispose d'un herboriste, il vous a bien traité."
La plus belle pièce ! Ma mémoire farceuse me renvoie ironiquement des souvenirs du grand hall de l'Infirmerie Impériale d'Abercarr. J'y avait été conduit pour y être soigné après ma toute première bataille, livrée conjointement avec les troupes de Golloch. Je revois encore le plafond haut de trente pas, les colonnes de marbre finement ouvragées, les dorures complexes encadrant les alcôves où étaient placé les lits des malades. Le sol était sculpté à même la roche, et l'on pouvait y voir les armoiries du Grand Roi dominant un vaste ensemble d'autres emblèmes, dont celui de la maison de notre Seigneur Brasidak. Les draps étaient si doux, si blancs ! L'air si frai ! Le lieu était si beau, si impressionnant, que le seul fait d'y être admis comptait pour moitié de votre guérison.

Mais je dois retourner à l'instant présent, dans cette masure qui pue mes liquides corporels mal lavés, même si je dois comprendre que j'ai de la chance d'être encore vivant, d'après l'intonation de Frurg. Qu'il complimente un herboriste, humain de surcroît, est un fait qui mérite d'être relevé. Frurg a toujours détesté les guérisseurs. Les cérébrés en tout genre d'ailleurs, mais surtout les guérisseurs. Il se pense invincible dans sa cuirasse ou alors il estime que s'il doit être diminué par une blessure il ne mérite plus de vivre. Et puis il méprise profondément tous les peuples plus fragiles que les Nains. Autant dire qu'il n'a pas d'estime pour beaucoup de monde. Alors ce compliment pour les talents de l'herboriste du village de Bouseux-perdus-dans-les-bois, c'est du jamais vu.
"Pourquoi nous ont-ils montré tant de sollicitude ?
-Ils attendent de nous protection. La fille de l'herboriste a été enlevé par les Abyssaux. Il semble qu'elle ait développé des talents druidiques, et elle est encore vierge...
-Deux miracles pour une telle communauté !"
Il reprend sans relever :
"Les humains suspectent qu'un sacrifice rituel se prépare.
-A la bonne heure. Bon, commençons par le commencement, pourquoi toi t'as pas une égratignure ? Tu t'es planqué comme une pucelle ?"
J'ai l'impression de le voir rougir malgré le heaume qui recouvre complètement son visage. Le type à beau être solide comme un roc, il a ses failles. Il est complètement dépendant de l'appréciation de ses supérieurs. Je crois que si un jour je le réprimande trop sévèrement il s'enfoncera dans le sol jusqu'aux Abysses.
Donc il me raconte la branlée qu'on a prise au feu d'alarme. J'avoue que sans son récit je ne me serais pas souvenu de grand-chose. Il me parle du putain d'Hennequin sur son canasson des ténèbres qui enfonçait nos rangs comme s'il cueillait des champignons. Les camarades qui tombent les uns après les autres. Et comment lui et Breng ont compris que la partie était finie et qu'il ne gagneraient rien à s'exposer. Alors ils se sont cachés et ont attendu que les Abyssaux décampent. Puis ils ont récupéré nos morceaux et nous ont descendu au hameau pour qu'on nous soigne. En se planquant ils nous ont sauvé la vie, mais ils y ont laissé leur honneur de Nains. Frurg ne s'en remet visiblement pas. Il a sacrifié son honneur pour faire son devoir. Son pauvre esprit étroit est complètement tiraillé, et moi j'ai trouvé le moyen de retourner le couteau dans la plaie en le traitant de pucelle. Une part de moi me réconforte et me dit que je dois me repositionner en leader auprès de mes soldats, et tant pis si je dois leur faire un peu mal pour ça. Mais j'aime pas trop ce rôle, c'est pas vraiment moi.
Un discret fumet me parvint aux narines et j'interromps Frurg :
"Je prétend pas avoir le nez d'un dogue de combat, mais que je sois pendu s'il n'y a pas du bouillon sur le feu ! Allons voir ça tout de suite, j'ai l'impression de ne pas avoir mangé depuis..
-Depuis 2 jours.
-Oh putain..."
Celui-là m'a échappé, mais je réussis à ravaler la série de jurons, tous plus ou moins imagés et fleuris, qui me traverse l'esprit. Je ne veux pas laisser transparaître devant mes gars mes inquiétudes grandissante sur notre situation, avec des Abyssaux visiblement plus organisés et déterminés que je ne l'avais pensé. Et qui maintenant ont au moins deux putains de jour d'avance...

Une table a été dressée pour nous sur un petit terre-plein au milieu du hameau. Je vois des chopes de bière et je me jette dessus instinctivement. La boisson fut rafraîchissante. Quant à son goût, disons qu'elle était en accord avec « la plus belle pièce du village »...
Puis je passe en revue la troupe déjà attablée.
"Ben alors on attend pas son Capitaine pour bouffer ?"
Je tente de faire le malin pour en imposer, mais je me rend soudainement compte que si, ils m'attendent. Depuis deux jours. Et que mon état a bloqué le groupe ici alors que les moins amochés aurait déjà pu être en route pour retrouver le reste de la Compagnie.
"Il manque Kazog et Helguk, non ?
-Helguk est toujours dans un état critique. L'herboriste dit que ça n'est plus de son ressort, mais que notre Prêtre de la Pierre a encore une chance de le sauver, si on lui amène à temps. Quant à Kazog, on n'a même pas retrouvé son corps.
-Merde, je l'aimais bien quand même, ce petit con."
J’essaie à nouveau de faire le dur et je dois réprimer un serrement de gorge qui n'est certainement pas du à l'infâme breuvage que je viens d'ingurgiter. Je vois des regards réprobateurs autour de la table alors j'enchaîne :
"Je suis d'accord, les gars, j'ai prononcé des éloges funèbres plus inspirés, mais c'était en d'autres circonstances. D'abord j'avais pas les godasses dans la boue ni les côtes en vrac, et surtout je pouvais me rincer le gosier avec une bière dont le goût n'évoque pas la pisse de Wyrm..."
J'aperçois un groupe d'humains qui se tient prudemment à l'angle d'une cabane, et je me rattrape et leur levant ma chope :
"Cela dit sans vouloir offenser nos hôtes ici présents, que je tiens à remercier chaleureusement et personnellement, et qui peuvent s'assurer d'être dédommagé des efforts qu'ils ont bien voulu consentir par l'amitié sans faille qu'ils viennent de nouer avec notre Compagnie, et qui sera gravé dans notre cœur encore plus sûrement que dans le granit de nos palais..."
Les visages des humains s'éclaircissent. Les cons. Je pourrais leur chier directement dans la gueule, si j'enrobe ça avec suffisamment de pirouettes et de civilités, ils seraient capables de me dire merci.
"Trêve de bavardages mes poilus, il va falloir qu'on prépare notre contre-attaque !"
J'ai dit ça en ramassant un couteau sur la table pour le planter d'un coup sec, afin de souligner ma réplique. Manque de pot la lame, certainement forgée par un tocard incompétent, se plie et emporté par mon élan je m'étale au milieu des bols de soupes. Pour la crédibilité du Capitaine, on repassera.
Encore une belle journée de merde qui s'annonce...

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